VERNON SUBUTEX

. Virginie Despentes .

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VERNON SUBUTEX 1

Madame Bodard lui avait raconté avoir vu AC/DC et Guns N'Roses en concert, avec ses parents, quand elle était petite. Aujourd'hui elle préférerait Camille et Benjamin Biolay, et Vernon s'était gardé de tout commentaire désobligeant.

Dans la copie du rapport que madame Bodard avait rédigé pour justifier sa radiation elle mentionnait des choses qu'il avait évoquées avec elle sur le mode du bavardage, comme dépenser des petites sommes d'argent pour aller voir les Stooges au Mans ou perdre cent euros du poker.

Il n'oubliait pas d'apprécier à sa juste valeur la douceur d'une matinée ou personne ne vient vous emmerder. Il avait tout son temps pour écouter de la musique. Et les Kills, White Stripes et autres Strokes pouvaient enfin sortir tous les disques qu'ils voulaient, il n'était plus tenu de s'en préocupper.

C'était ce genre de filles. Qui se rangent. Sans rien perdre de leur charme. Pas une mégère.Une meuf légère, elle doit manger des trucs bios et se passionner pour le réchauffement climatique, mais il est persuadé qu'elle continue d'écouter Tricky et Janis Joplin . S'il était resté avec elle, il aurait trouvé du boulot juste après le magasin, parce qu'ils auraient des gamins et qu'il n'aurait pas le choix.Et aujourd'hui ils se demanderaient que faire à propos des problèmes de shit du grand, ou de l'anorexie de la petite. Bon. Il aime à penser qu'il a limité les dégâts.

Vernon ne pouvait pas répondre "allez, ça va s'arranger, accroches-toi, vieux". Alors ils écoutaient les Cramps, le Gun Club et le MC5 en buvant de la bière, tant que Bertrand la supportait encore.La famille était furieuse, mais franchement - qu'est ce qu'il leur restait d'autre. .

Le jour anniversaire de la mort de Joe Strummer, Vernon avait continué comme quand Bertrand était là : il avait écouté l'intégrale des Clash, en buvant des bières. Ca n'avait jamais été un groupe qui l'intéressait.Mais l'amitié fait ça: on apprend à jouer sur le terrain de jeu des autres

Il sortait souvent marcher seul la nuit.Il avait pris cette habitude à la fin des années 80, quand les rockers s'étaient mis à écouter du hip-hop. Public Enemy et les Beastie Boys étaient sur le même label que Slayer, ça avait fait un pont. Au magasin, il était devenu pote avec ce fan de Funkadelic, un petit blanc taciturne et teigneux, rétrospectivement il pense qu'il était dans l'héroïne, mais à cette époque il n'avait pas capté.

Jean-No se comportait volontiers comme un connard. Il était arrogant.Il avait toujours écouté des musiques chelous, quand il était adolescent il aimait Einsturzende Neubauten et Foetus, plus tard il s'était mis au hard casse-burnes, il était fan de Rudimentary Peni et se passionnait pour Minor Threat, alors qu'il buvait comme un trou.Il fallait quand même l'apprécier pour passer des soirées avec lui, d'autant qu'il était volontiers cinglant. A quarante ans, voulant s'embourgeoiser, Jean-NO s'était mis à l'opéra.Il s'habillait comme un Playmobil endimanché et sortait des conneries de mec de droite, dix ans avant que ce soit à la mode.A cette époque la chose était si atypique que ça avait un certain cachet.

Pedro, son truc, c'était Marvin Gaye , Bohannon, Diana Ross et les Temptations. vernon aimait être invité chez lui, le son était exceptionnel, les fauteuils confortables et il achetait des whiskys qui faisaient voyager-on se prenait tour à tour pour un gangster, un privé ou un dandy anglais.

Vernon était déprimé, ce soir là, atteindre trente-cinq ans lui démolissait le moral. Quatre beaux gosses, heureux d'être crétins, au courant de rien, et surtout ignorants à quel point ils étaient du bon côté de ce que la vie leur réservait. Ils avaient écouté Smokey Robinson une grande partie de la nuit.

Alex aimait vivre à l'hôtel.Il avait quarante-six ans. Qui attend le seuil de l'andropause pour partir d'overdose? Michael Jackson, Whitney Houston ... un truc de Black, peut-être.

Il débarquait avec une Jenlain, prenait place sur le tabouret et demandait à écouter des disques.Pour Alex, Vernon restait celui par qui la magie était arrivée : celui qui lui avait fait écouter pour la première fois le double live de Stiff Little Fingers , les Redskins le premier EP des Bad Brains, la Peel Session de Sham 69 ou le Fight or Die de Code of Honor.

Ils s'étaient croisés par hasard, vers la station Bonsergent. Alexandre s'était jeté dans ses bras. Longtemps qu'ils ne s'étaient pas vus, ça remontait au concert de Tricky , à L'Elysée Montmartre. Passé la gêne des premières minutes, teintée de la rancoeur du cinéma qu'il fallait jouer, celui des vieux potes qui ont plein de choses à se dire, comme si les histoires de ventes sur eBay de Vernon étaient équivalentes en intérêt aux histoires de nuits de défonce sur un yacht avec Iggy Pop , ça finissait toujours par devenir assez cool, traîner avec Alexandre.

Alex se sentait comme dans un oeuf. Il adorait l'espace exigu de l'appartement, il se recroquevillait et se sentait protégé, chez Vernon.Ils avaient écouté les Dogs, ce qui ne leur était pas arrivé, ni à l'un ni à l'autre, depuis vingt ans.

Impossible de s'en souvenir jusqu'à ce qu'il écoute le message et se souvienne : SB pour "salle de bains" parce que c'est là qu'il avait discuté avec Julien Doré .Sur le coup, ça avait du lui paraître lumineux.Comme bien des choses obscures qu'on fait après trois heures du matin.

Ses affaires ne sont pas perdues-il y a davantage de choses auxquelles il tient que ce à quoi il s'attendait. La montre que Jean-Noel lui a offerte. les test pressings du premier album des Thugs , qu'il a récupérés par hasard quand le label manager de Gougnaf Mouvement a squatté chez lui quelque temps.La flasque Motorhead qu'Eve lui avait ramené d'une virée à Londres.Le tirage original d'une photo de Jello Biafra , que Carole avait prise à New-York.Et le Selby dédicacé.

Si Vernon avait été taper l'incruste chez Alex, tout se serait déroulé différemment. Ils se seraient drogués ensemble, tranquilles, à domicile - et Alex ne serait pas allé prendre un bain, dans un hôtel merdique. Ils auraient écouté des live de Led Zep au Japon, à la place.

Il s'assoit à côté d'une quadra qui ressemble vaguement à Jean-Jacques Goldman . Elle a posé entre ses pieds un cabas volumineux, en toile, rempli de nourriture de baba cool. Tout dans son attitude respire l'intelligence, l'aisance, le sérieux et la prétention.

Des fêtes mémorables se sont déroulées là-bas. Et des dizaines de soirées en petit comité, il y a dansé, il y a bu, il y a vomi, il y a souvent baisé dans la salle de bains, il y a dîné, il y a fumé des pétards, il y a écouté les Coasters, des albums de Siouxsie et Radio Birdman . Emilie était bassiste. Elle aimait L7 , Hole , 7 Year Bitch , et d'autres trucs assez atroces, que seules les filles peuvent écouter. Raide et méprisante, sur scène, à la new-yorkaise. Dans le civil, une gentille. Peut-être trop.

Son appartement aussi a changé. Elle a lu la surprise sur le visage de Vernon, quand il est entré. La surprise et la déception. Il n' y a plus aucune affiche de concert. Avant elle les collait à même les murs, dans le salon et la chambre, la cuisine était réservée aux photos de beaux gosses. Fugazi, Joy Division , Die Trottel , Dezerter ... ont cédé leur place à une photo encadrée de Frida Kahlo, et une reproduction du Caravage. Les murs sont peints en blanc. Comme chez tous les adultes de son entourage. Elle est devenue ce que ses parents voulaient qu'elle devienne. Elle a passé un concours, elle travaille à l'équipement, elle a troqué son iroquoise pour un carré discret.Elle s'habille chez Zara, quand elle trouve quelque chose à sa taille. .

Elle a perdu toute libido, il y a quelques années de cela, et la vérité est qu'elle s'en passe très bien.Ils écoutent Trans-Europe-Express . Emilie ne savait pas quoi choisir dans sa discothèque. En cherchant ce qu'elle pourrait mettre, elle s'est aperçue avec dépit qu'elle n'écoutait rien de nouveau ni d'intéressant depuis des années. Ca a cessé de l'intéresser.

Ca lui paraît complexe de choisir dans sa liste d'amis. Il en a beaucoup. Disquaire, ça crée des liens. Il voit passer sur la page d'accueil une photo sublime D'Harley Flanagan Jr, la conversation n'arrête pas de s'alimenter depuis trois mois- Harley Flanagan Jr a poignardé celui qui le remplaçait pour la reformation de Cro-Mags . Il like comme un possédé. Le café n'est pas mauvais, il en boit un demi-litre et ça lui défonce l'estomac.

Il chantait volontiers des conneries sadiques, faisait son Gainsbourg pour midinette. Les enceintes déversent dans le salon ce son de basse - souple, aquatique, notes slapées qui s'arrondissent en bulles, empruntées à la funk mais salies par des riffs au fuzz. La voix d' Alex, sur ce premier disque, est méprisante, moqueuse, agressive. Sexy, même pour les garçons. Alex ne savait pas encore qu'il s'adressait à des millions d'auditeurs, il chantait dans sa cuisine, pour faire délirer les copains. C'était un coup de génie, ce premier disque.

Bartho venait au magasin un peu comme il serait allé au sex-shop : il aurait préféré s'intéresser à autre chose, dépenser son argent en livres qui l'instruiraient sur les problèmes géopolitiques du monde. Mais il n' y arrivait pas. Il venait souvent avec sa fille qui chantait les chansons du Roi Lion en jouant accroupie sous les bacs.

Elle ne supporte pas grand chose. Il fume trop, il mange mal, son humour est douteux, il prend du bide, il passe trop de temps dans la salle de bains, il n' a pas assez lu....et t'as descendu combien de bières, dis donc tu fumes beaucoup tu ne veux pas ouvrir les fenêtres, vas -y vite, fermes-les maintenant, il fait trop froid, tu fais trop de bruit je ne peux pas dormir, dis donc tu ne pourrais pas mettre la vaisselle dans l'évier quand t'as fini de manger....Quoi, t'écoutes cette merde toi ? Tu trouves ça bien Stromae ? Il faut que je te présente mon fils, vous écouterez de la musique de merde ensemble.

Qu'elle le lâche, pitié, qu'elle le lâche !Il écoute Johnny Cash au casque, en buvant des bières. Il respire. Il l'a eue dix jours, non-stop, sur le dos. Cette fille parle dès qu'elle ouvre un oeil. Elle aspire l'air.

Son esprit critique, qui l'avait fait rire au premier abord, avait eu raison de sa bonne humeur. Il n'y avait que les très vieilles choses -les films de Billy Wilder, la musique de John Coltrane ou les romans de Flaubert- qui ne déchaînaient pas son hostilité. Et certaines marques de luxe.

C'était l'été de Groove in the heart . Céline était folle, elle ne tenait pas l'alcool et buvait tous les jours. Mais avant qu'elle le foute dehors en l'insultant parce qu'elle pensait, à juste titre mais il ne l'avait pas reconnu, qu'il avait dragué une autre fille sous son nez, ils avaient passé un été assez cool ensemble.

Comme beaucoup de gens de son age, Alex avait été marqué par la comète Cobain . Il répétait souvent que l'idéal pour l'industrie du disque, c'était de travailler sur un chanteur mort.C'est pourquoi on les pousse vers la tombe avec enthousiasme.

Il est inquiet de ce que le bonhomme accumule sur sa page les clips et les photos de GBH , Exploited et Kortatu. Quel âge ça lui fait maintenant ? Quarante ans ?

i fink u freaky and i like you a lot - le son de Die Antwoord existe vaguement, en fond sonore. Le bar est plein.Sur l'écran de son téléphone, fissuré par une chute alors qu'elle venait juste de le récupérer, Lydia surveille simultanément ses mises à jour Instagram, Facebook et Twitter. C'est compulsif. Infobésité.

Elle finit par ouvrir Word, par dépit.Il faudrait qu'elle commence ce livre. Puis elle consulte son relevé de compte, vérifie les débits un par un puis s'interrompt pour chercher un disque de God Is My Co-Pilot , ensuite elle suit une joute verbale sur Twitter, à laquelle elle ne comprend rien, elle se tire les cartes sur tarot.com puis se souvient qu'elle doit envoyer le chèque du loyer, elle le rempli et le glisse dans une enveloppe qu'elle laisse ouverte car elle a la flemme de chercher l'adresse de son agence.

Vodka Satana et Pamela Kant, au sommet de leurs carrières, c'était comme Oasis ou Blur , Les Beatles ou les Stones : deux étoiles géantes qui se tiraient la bourre.L'une allait chez Cauet le lundi montrer ses seins et débiner sa concurrente et le lendemain l'autre était sur le plateau du "grand journal", ultra-échancrée, à faire des vannes sur sa voisine.

Lydia Bazooka était plus sympathique que ce à quoi il s'attendait. Il avait sonné à sa porte, comme convenu, pour lui parler d'Alex Bleach, elle écoutait Kid Loco Here come the Munchies , en boucle et à fond dans son studio chargé de peluches. Les meufs ont parfois de drôles d'idées : comment celle-ci s'était-elle mis en tête de collectionner des jouets ?

La meuf était une évidence, pour lui, elle lui était familière. Elle aimait Jane'addiction , Pixies , Husker du , les Smiths et Oasis - des vieilleries éclectiques, rien qui le passionne, mais rien qui le désespère. Elle était obsédée de rock ,il connaissait le genre- une tarée qui s'est réfugiée dans ses disques.

Bleach, pour nous, c'était comme quand Nirvana a cartonné, et qu'on attendait Tad ou Mudhoney - ce n'était pas lui qu'on voyait sur la ligne d'arrivée.

Un jour, Lydia avait posté une photo de Vernon sur son compte Instagram. Rien de compromettant. il était penché sur son ordinateur, il cherchait un morceau d' Iggy qui reprenait Yves Montand , la lumière lui creusait les joues, c'était un beau portrait, il s'était rarement vu aussi beau en fait.

A la fin des années 80, on disait pour désigner ce genre de filles qu'elle avait un look de camionneuse. Mais Gaelle était trop blondinette et fluette pour qu'on pense à l'appeler comme ça. Elle ne souriait pas souvent. Elle écoutait Crazy Cavan, The Easybeats et David Bowie . Elle volait des disques par paquets, en les glissant sous son pull, elle avait vu faire dans Christiane F.

Le son est excellent, ce type est un génie. Toujours faire confiance à Gaelle. A première vue tout le monde s'est demandé mais c'est quoi ce vieux tocard et il a branché son iPod, le mec est un dieu, c'est de l'eau bénite dans leurs oreilles. Les enceintes Klipsch crachent du Rod Stewart, ce mec est un ouf, il ose tout, et il tombe juste. Il est le Nadia Comaneci de la playlist.

Branché sur une pulsation souterraine, que l'humain lambda ne perçoit pas. Il réagit calé sur la vitesse du son. Ca se compte en milliards, et ça se compte en secondes. Il est sur le qui-vive, un guerrier d'exception. Britney Spears, Work Bitch. Subutex c'est son pote, il lit dans ses pensées, il sait ce qu'il faut donner pour que ça danse. De la musique de salle de sport.

La fête monte d'un cran, on le sent, ça prend, ça prend, ça prend. Janet Jackson, , All Nite .Ca commence à fuck fucker, dans les coins, c'est cosmique et c'est crade, tout ce qu'il aime.

L'enculé prend un virage à cent quatre-vingts degrés, musique chaude et kitch, et ça passe. Kiko jette un oeil à son iTunes Candi Staton, I'd rather be an old man man's sweettheart mais putain comment ce fils de pute a osé jouer ça- maintenant. Pile ce qu'il lui fallait, ce qui convient pour que les petites se réchauffent malgré la coca. Groovy night, jamais vu un fils de pute pareil.

Il ne faut pas qu'il se couche trop tard, ce soir. Encore une ligne, une dernière coupe et puis dodo. Albert King , Breaking Up Somebody's Home . Vernon est excellent. Kiko hurle DJ REVOLVER IN DA PLACE. Il sait que c'est ringard il s'en fout il est chez lui il plane comme il l'entend.

Ce soir ça manque d'actrices, par exemple. Elles ajoutent toujours un petit quelque chose. Les gens de la télé, non.Ils sont lourds. Ils dépriment toujours. Ils te plombent. C'est comme les comiques. So weit wie noch nie, vieille techno. Tout le monde danse, c'est la transe.

Les aubes étaient si lumineuses qu'elles blessaient les yeux, ils dévoraient les pão de queijo, le goût de manioc, leurs corps d'enfants, jamais fatigués. Son walkman bleu Sony, dont elle était si fière.Elle écoutait Caruza , O tempo não para, le sida n'existait pas encore pour eux.

Sus ojos embotados de cemento y lagrimas. Elle s'était toquée de ce morceau. C'était snob, de l'écouter en espagnol. La bande traînait sur Broday, sans "w", ils allaient voir des concerts de hip hop, Racionais MC's, il n'y avait pas de blancs, l'excitation était là, les corps des garçons, des mauvais garçons.

Elle fait attention à lui, elle ne l'avait pas encore regardé. Sourire discret, il lui adresse un clin d'oeil et joue Prince - Sexy Motherfucker .Bien joué DJ. Ce sont d'autres images qui remontent.

Elle est arrivée à Paris et la première chose qu'elle a vue à la télé, c'était Johnny Hallyday , elle a compris qu'il y aurait beaucoup de choses qui lui échapperaient. Il faut être né ici pour tout saisir.

Son regard est dur. Il cueille Marcia au creux du ventre. Il répond "Freddie King ", il a une belle voix profonde, il donne le titre en lui parlant à l'oreille, "please send me someone to love ", pour un français, il prononce corrctement l'anglais, il ne s'emballe pas.Il est sur de lui. Il lui plait. Un petit peu. Il est absorbé par la musique.Il change de son "Tostaky" , Noir Désir . Une aube grise répand un peu de lumière dans le salon.

Patrice a le physique pour ce genre de discours. Pourtant du look de sa jeunesse, il n'a gardé que les tatouages. Il peut se mettre en costard et pull col roulé, ils dépassent. Il ne porte plus les couleurs de son club, il a rangé sa moto et il écoute Coltrane et Duke Ellington . Il en a eu marre d'incarner le Hell's Angels marxiste. Trop de contradiction à gérer.

Nolwenn Leroy et Patricia Kaas reprennent du Piaf- cette fois ils tombent d'accord pour les trouver plutôt classes, avec une préférence de vieux pour Patricia, l'époque ou elle chantait Mon mec à moi et ou quand même ça leur plaisait bien, même s'ils ne le fanfaronnaient pas sur les toits.Elle avait la beauté des femmes qu'ils pouvaient avoir, mais en légèrement plus sublime.

Dans le rock, il avait côtoyé les pin-up, les bourgeoises dépravées, les filles du X ou les intellos maso... les petites filles de Patti Smith et Madonna .Mais les autres, les filles de J.Lo et Beyoncé , les petites Rihanna , les Shakira -elles n'avaient pas eu besoin du rock. Elles jouaient dans une autre cour.Vernon ne voyait pas ce qu'une fille comme elle pourrait trouver à un mec comme lui.

Le jour s'est levé sans qu'il se souvienne s'être endormi. Il a pourtant rêvé que Robert Johnson s'était assis sur le banc d'en face, il avait joué de l'harmonica. Vernon ne reconnaît pas la rue ou il s'est écroulé, quand il cherche à s'asseoir son corps n'obéit pas correctement, il s'affale sur le dos et tourne la tête. La pluie a cédé à un froid de lame de rasoir mais il a dû choper la fièvre, sous la morsure du froid sa peau le brûle littéralement. Une pensée le taraude: depuis combien de temps n'a-t-il rien mangé ? - il imagine la flamme d'une bougie qui vacille puis faiblit et la mèche noire, un rien de rouge et puis plus rien. Mais on ne meurt pas de désespoir, en tout cas pas si facilement.

Plus tard dans la nuit, quelques heures se sont écoulées, ou une minute, il ne sait pas, il grelotte de fièvre. Les premières mesures de Voodoo Chile le réveillent. Jimi Hendrix tousse, en fait c'est le début de Rainy Day . Ce n'est pas la version d' Electric Ladyland , Vernon n'a jamais entendu ce morceau mais il sonne aussi nettement que s'il l'écoutait au casque, ou s'il se trouvait aux meilleures places d'un concert en plein air. Ouvrir les yeux réclame un effort pénible. Le ciel est plein d'étoiles. Il fera beau, demain.

Je suis dans mon lit quand j'apprends la mort de Daniel Darc, je pense à son numéro dans mon portable, j'ai envie de composer ce numéro et l'idée que ce soit désormais impossible me donne un long vertige, en bas du dos.

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VERNON SUBUTEX 2

Finalement, il s'était soûlé au Rosa Bonheur avec les autres, ils se racontaient leur journée avec un certain effarement - il y a tant de façons d'être un SDF, ils n' y avaient jamais autant réfléchi, les uns les autres. A l'heure de la fermeture, Xavier chantait un vieux morceau des Vierges, "Hey les garçons si on allait à la plage ? Quoi ? Plutôt crever " et Emilie jouait de la batterie avec les paumes sur la table, ça faisait plaisir de la voir aussi contente, se souvenant parfaitement des paroles "On n'est pas le genre de mec à traîner sur les plages, quand on veut nous trouver faut chercher dans les caves, on n'est pas des anges on aime déconner " et c'était plus gracieux que sordide. C'est ça qui l'avait surpris.

Je me souviens du type qui m'a montré sur un manche les trois accords de Louie Louie, et j'ai réalisé dans la nuit qu'avec ça je pouvais jouer presque tous les classiques.Quand tu avais de la corne au bout des doigts pour la première fois, c'était comme décrocher ton CAP.Le premier morceau que j'ai su jouer en entier, c'était She's calling you .Ca m'a pris un été.C'était une guerre qu'on faisait.Contre la tiédeur.

Je n'ai aucun souvenir entre seize et vingt-trois ans, d'avoir regardé une émission à la télé, on n'avait pas le temps, on était dehors ou on écoutait de la musique, je ne me souviens pas être allé voir un film grand public, avoir vu un clip de Madonna ou de Michael Jackson , la culture mainstream ne faisait pas partie de notre champ de vision.On n'en parlait même pas.Je ne savais pas que ça ne durerait pas.

T'étais le gardien du temple; et j'étais un gamin. Et jamais de ta vie, jamais, ça ne t'est venu à l'esprit de vouloir me faire écouter du ska du reggae du jazz ou de la funk. La seule fois ou tu as fait mention de ma couleur c'était quand la réédition en vinyle blanc de Bad Brains est arrivée chez toi. Tu ne peux pas imaginer, depuis, ce qu'on a pu me parler de ou de John Coltrane et de Bob Marley. Jamais tu n'aurais mis Max Romeo en me prévenant que ça allait me faire quelque chose en raison de ma couleur de peau. T'as toujours été à part.Ca doit être la connerie qui te protège. Pour commmencer, tu dors tout le temps. Ca aide à ne pas se faire avoir.

Tu te souviens - " la différence ne se voit que dans les yeux des bâtards " de NTM, la première fois qu'on les a vus à la télé, c'était un truc sur FR3 je crois. On ne connaissait rien au hip hop. Ca nous paraissait normal, cette phrase- là. " la différence ne se voit que dans les yeux des bâtards "

En un matin de février, au bord de la plage à Marseille, lendemain de concert, j'étais tout seul et je regardais des roller skateurs en espérant qu'il y en ait un qui tombe, dans les enceintes du bar ils ont joué Les cyclades électroniques de Burgalat .

Est-ce que ce type t'a appris à nager est-ce qu'il a parcouru tous les magasins de la ville pour trouver le jouet que tu voulais est-ce qu'il a sacrifié ses soirées pour être sur que tu connaissais ta récitation est-ce qu'il t'a appris à faire un exposé est-ce qu'il s'est cassé la tête le soir dans sa chambre pour rattraper son retard en mathématiques et pouvoir t'expliquer l'exercice le lendemain est-ce qu'il t'a regardée tourner dix fois de suite dans le froid sur le manège avec le petit éléphant qui te plaisait tellement est-ce qu'il t'a portée sur ses épaules pour que tu ne rates rien de la parade des princesses alors qu'il avait déjà mal au dos est-ce qu'il s'est relevé la nuit pour te donner de l'eau quand tu faisais des cauchemars est-ce qu'il t'a emmenée voir les dauphins sept fois de suite parce que tu les adorais est-ce qu'il t'a plié tes vêtements après les avoir repassés jusqu'à l'année dernière est-ce qu'il s'est demandé comment payer tes frais d'inscription quand ils ont augmenté est-ce qu'il a fait la queue deux heures pour être sûr que tu verrais Lorie ?.

Elle était revenue en brandissant une paire de bottes rouges, et Vernon avait réalisé qu'Olga avait insisté pour qu'on les lui mette de côté. Elle jubilait de lui faire un tel cadeau. Il n'avait pas eu le coeur de lui dire "mais c'est les chaussures de Dick Rivers , ça, le les porterai jamais ".Il les avait soupesées, perplexe - c'était une belle paire de bottes mexicaines, rouges, usées juste ce qu'il faut. Impossible d'imaginer comment elles étaient arrivées là - peut-être le propriétaire était-il mort.

Dans la grande salle, il fait un froid assassin. Tout le monde est en écharpe-bonnet. Ils écoutent Bjork à fond la caisse, ça ne donne pas trop envie de rester. Mimi la patronne lui demande direct de descendre deux caisses de nourriture pour les disciples de Subutex. Comme si c'était le truc le plus important de la journée.

Il avait vingt ans quand Booba a sorti Temps mort. Les gamins écoutaient Snoop Dog et Dr.Dre , Tupac et Notorious Big. Il s'est réfugié dans ces sons comme on trouve un ventre de substitution. La culture hip hop était devenue mainstream et il s'est improvisé agent d'artistes grafffeurs.

Anais ouvre sa liste de musique sur son téléphone, elle cherche Neil Young et écoute I'm still living in the dream we had . Elle sait que ça la fait pleurer. Elle en a envie. Comment oublier ce qu'ils étaient, ce qu'ils s'étaient promis. Deux planètes mises en orbite pendant des années, et du jour au lendemain l'attraction a cessé - ils ont continué leurs chemins, séparément.

Sin iPhone est sur lecture aléatoire, elle écoute Mary J.Blidge No more drama et elle revoit Audrey, la secrétaire de Dopalet, les larmes aux yeux, ce n'était pas feint, elle était catastrophée.Elle a été la seule de toute l'équipe, à lui marquer un peu d'empathie.Les autres l'ont fuie, dès qu'ils ont appris qu'elle devait vider son bureau..

Elle est allée jeter un oeil à sa bande. Des hétéros beaufs en goguette. Même Kiko s'est fait doser. Quand il a appris que Subutex traînait dans le parc, Gaelle l' a vu partir, méchant comme il sait l'être, genre je vais lui remettre une couche de coups dans sa gueule, ça lui apprendra à être parti avec ma coke...et il est rentré, le lendemain, il a écouté Jethro Tull pendant trois semaines.Pas de fêtes, pas de plan cul, juste la musique au casque, et de la drogue.Il n'est pas allé bosser. Ca ne luit était jamais arrivé.

Sur son scooter, Loic écoute le Modern World des Jam La circulation est fluide. Il y a du soleil mais il a gardé ses gants. On annonce de la pluie à partir de midi. Cette année aux casiers, avant de commencer la journée, les gars ne parlent que de ça.La météo, pour des coursiers, ce n'est pas juste savoir si on met ses petites chaussures neuves ou pas..

Il savait déjà qu'on se foutait de sa gueule.Il écoutait Les Sheriff . " A coups de batte de base-ball" .Il a toujours aimé les crétins. Il a les cervicales bloquées depuis quelques jours. Le médecin dit qu'il n'y a rien à faire, sauf se détendre. Ca ne va pas avec son boulot: coursier, il faut que ça speede.

Il les a pratiqués aussi, en face. Avec le rock, quand il était minot, il s'est laissé embrigader. Le truc était tenu par des trotskards, des maoistes, des autonomes, des libertaires. Beaucoup d'entre eux méprisaient la musique mais voyaient là un vivier de jeunes cerveaux à façonner. Lui, il aimait bien les Redskins. Et tous les trucs de raia, les Bérus de " Concerto" , la Souris d' " Une cause à raller" , les " kids united" Sham 69 . Au début, il s'est laissé endoctriner.il a pris des leçons de radicalité avec des mecs qu'il a recroisés cinq ans plus tard, installés dans un appartement payé par leurs parents. Jamais ces mecs ne commençaient leur sermon par " je suis fils de propriétaire et j'ai grandi dans l'opulence ".Ca l'a vacciné. Quand tu me parles, tu me dis d'abord ou t'as grandi.

Il se souvenait bien du magasin. Quand il était arrivé à Paris, au début des années 90n il y allait souvent. Il y avait croisé Rico Maldoror, Patrick Eudeline, Géant vert, Roland et Schultz Parabellum, Alain Picon, Thai Luc, François Molodoi et tant d'autres...Subutex était un gars réglo. Ouvert d'esprit. Les filles l'aimaient bien, il y en avait dans sa boutique. Il a même vu Laurence Romance , là-bas. Loic se souvient aussi d'une petite mod, Cécile, carré court, trench kaki, qui revendait des amphétamines qu'elle volait au boulot.

Il avait passé une nuit avec elle, à marcher dans Paris, cette nuit-là un brouillard épais empêchait de voir à deux mètres. La fille se tapait des délires - imagine qu'on est à Londres en 1965, le brouillard dure depuis une semaine entière, et nous on s'apprête à aller voir les Byrds et le Spencer Davis Group au 100 Club.... On faisait de bonnes rencontres à Revolver. Mais à l'époque loic avait pris le virage hip hop, comme beaucoup de gars de banlieue qui avaient commencé par le rock. Il était plutôt Fnac Montparnasse.

"J'ai arrêté de me raconter des histoires ou je devais être un héros. J'ai abandonné l'idée de la victoire. Ca ne me torture plus. J'ai vraiment changé, je crois". Du coup, Loic lui parle d'autre chose. Ils ont découvert qu'ils aimaient tous les deux Vince Taylor . Ca ne vaut pas Maradona, mais ça ouvre quelques perspectives.

Subutex met Magic Bus, des Who , et Loic sent une balle de chaleur qui lui réchauffe la gorge. Il adore ce morceau. Il n'aurait pas osé imaginer qu'il commencerait sa playlist de la sorte.Génial.

Quand Subutex enchaîne avec Eddie Cochran , il se dit "si tu continues comme ça, tu vas voir, c'est moi qui vais venir t'embrasser ". Comme s'il choisissait ses disques pour lui, sur mesure.

Mais cette nuit, il danse. L'obscurité aide. Ils ont coupé presque toutes les lumières, maintenant. Il danse sur du Bowie We could be heroes, just for one day . . il n'arrive pas à le croire. Et il danse avec Pamela Kant. Ce n'était pas prémédité, il n'a pas eu le temps de se demander comment il allait s'y prendre.

Il en est sur. Il ondule comme un dieu. Comme une meuf. Et Loic se fout de sentir qu'il aime le regarder danser. La gouine qui servait et qui faisait la gueule est montée sur une table. Ca ne l'énerve même pas. Elle a raison de se donner en spectacle. C'est un plaisir de la voir s'éclater comme ça. James Brown the Payback . Et il reste au milieu des autres. Il danse. Il n'a jamais fait ça.

Puis ils ouvrent une dernière bière, avant de se coucher. Loic met le nez dans sa collection de CD Il devient DJ, à son tour, Gorilla Biscuits , Agnostic Front , Sick of it all. Ca aussi, ça faisait longtemps. Il prend Joyeux par le cou, il est bourré, d'habitude il ne touche pas trop les animaux, mais à cette heure tardive, il trouve le caniche trop sympa. De toute façon c'est une nuit ou il fait des trucs qu'il ne fait pas, normalement. Il plonge dans la musique. Il suffit de lâcher quelque chose. C'est une sensation étrange, c'est comme s'il avait un organe interne qu'il ignorait auparavant et cet organe est un clapet, qui vient de s'ouvrir. Alors il plonge dans la musique.

Il brandit une nouvelle bouteille en annonçant " celle-là, c'est la mienne" et quand il a rempli les verres, alors que Big Mama Thornton fait rouler les premières notes de sa version de " you ain't nothing but a hound dog" , il s'invite à la gauche de d'Olga et se déhanche, les genoux bizarrement pliés, il lance les bras en l'air et d'une certaine façon, ils twistent.

Il y a un camping à quelque cinq cents mètres, ils organisent une fête de début de saison. Sur les plages, les paillotes vont bientôt ouvrir. Le vent porte le son - Daft Punk, Get lucky . Au loin, un train passe. Il relie tous les villages de la côte. Il y a une petite gare, à dix minutes à pied. Aujourd'hui, les derniers arrivants débarqueront, par grappes, crachés dans ce coin perdu de l'Ile Rousse....

A chaque fête, il y a plus de monde. Tout cela n'a aucun sens. Et ça ne durera pas. Vernon s'est levé avec A day in the life en tête. Le soleil cogne déjà comme un sourd. L'été commence tôt en Corse. On est à peine en mai. Des guêpes s'activent au-dessus du café. Emilie vient s'asseoir à côté de lui. Elle est arrivée la veille. Elle ne trouve pas sa place, elle est tendue. Comme à chaque fois.

Sylvie s'assoit au bout de la table, elle porte un tee-shirt Thee Oh Sees, dont elle a découpé les manches. Elle passe beaucoup de temps en cuisine, quand elle vient, elle continue de faire des gâteaux. Elle dit que ça ne sert à rien, ce qu'ils font, mais elle passe la moitié de sa vie parmi eux.

Il prend son temps. Avec la réverb, dans la chapelle ça se lève tout de suite. Toujours dans l'obscurité, la pureté du son. Bootsy Collins . I'd rather be with you. . Des silhouettes se détachent et forment des grappes éphémères. La Hyène est presque immobile quand elle danse, sauf ce léger mouvement des hanches. La plupart des corps ne bougent pas encore. Beaucoup sont restés allongés. Il croise le regard de Pamela. Il établit le contact avec les absents. Mentalement, il cherche les parois mobiles - les passages secrets dans le temps et le solide des choses. Des volutes de lumière de lune s'ouvrent, entre les gens. Et comme souvent la nuit, il voit la longue silhouette d'Alex, géante dans la pépinière d'étoiles, qui se penche sur eux et les observe, souffle doucement sur le sol, en souriant. Tout autour des vivants dansent les morts et les invisibles, les ombres se confondent et ses yeux se ferment. Autour de lui, le mouvement est déclenché. Ca commence. Il les fait tous danser.

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Pourquoi

Vernon Subutex est un témoignage sous tension, factuel et sensitif qui commence dans les années 80, quand Madonna n'était plus une insulte et le Hard-core encore une peur, et se poursuit jusqu'aux années 2000 et leurs changements radicaux. Cette aventure relate ces instants, où la musique et l'attitude étaient un mode de vie, un style, un badge comme passeport, quand le disquaire était un peu la maison du peuple, et la lutte une question de classe. Ensuite, cela changea.

Ce site n'est pas immersion, un prolongement, une illustration, une extension, de ............. C'était une évidence de faire le lien entre le texte, la musique et ces années. C'est tout.

Enjoy...

Lionel Bourneuf

Ancien disquaire ...

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Crédits

Avec l'aimable autorisation des éditions Grasset et de Virginie Despentes.

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. d'après les ouvrages de Virginie Despentes .

Réalisé par un ancien disquaire, comme Vernon Subutex... Ce site fait le lien entre le texte et les musiques citées dans les ouvrages de Virginie Despentes.

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